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samedi 22 novembre 2014

Attention: chef-d'oeuvre!


HERETIQUES de Leonardo PADURA aux Editions Métailié


Il y a deux ou trois ans, j’avais été emballée par cet auteur, mais surtout par par son très beau livre «  L’homme qui aimait les chiens ». L’auteur s’y était pour ainsi dire mis dans la tête de Ramon Mercader, le tristement célèbre assassin de Trotsky. Je me souviens encore de mon enthousiasme vis-à-vis du style de cet auteur, de cette façon inimitable d’amener le lecteur à revisiter l’Histoire avec un grand H à travers les histoires d’hommes et de femmes qui l’ont faite. Des histoires à la fois banales et uniques. On pouvait parler de roman historique. Soit dit en passant, je ne fus pas la seule à tomber sous le charme. «  L’homme qui aimait les chiens » a reçu pas mal de récompenses dont celle du magazine Lire pour le meilleur roman historique. Après les hispano-américains, c’est à présent toute l’Europe qui découvre ce nouvel Hemingway et ce, grâce aux Editions Métailié. Mais chut, j’arrête là les comparaisons car, bien qu’admirant l’écrivain, Padura a quelques réserves au sujet de l’homme ( réserves qui transparaissent aisément dans un de ses romans «  Adios Hemingway » paru en 2006.
Mais passons maintenant à ce nouveau titre «  Hérétiques » ; là encore, on peut qualifier le livre de roman policier historique ; ou devrais-je dire  romans au pluriel car il y a trois romans dans un. En effet, «  Hérétiques » ( plus de 600 pages quand même !..) est composé de trois livres un peu à la façon de la Bible : Le Livre de Daniel qui retrace dans un savant aller-retour entre les années 40-50 et aujourd’hui, les vies des Kaminski : ces juifs arrivés à la Havane peu de temps avant l’extermination programmée par les nazis ; puis suit le Livre d’Elias qui nous transporte celui-ci dans les Pays-Bas du 17ème siècle à Amsterdam plus précisément, où Padura nous fait partager le quotidien de la communauté juive qui y a trouvé refuge après avoir été chassée du Portugal ; et enfin le Livre de Judith : là, retour à Cuba, en 2008, où on suit l’enquête visant à élucider le mystère de la disparition de Judith donc, jeune fille punk de 18 ans grande lectrice de Nietzsche et Kundera.
Mais qui dit polar, dit enquêteur. Et là, je m'aperçois que j'ai oublié de vous parler de Mario Conde , personnage principal de ce roman et de bien d'autres puisque, bien que n'apparaissant pas dans le dernier titre cité juste avant, il faut dire que cet ex-flic à présent mi-détective, mi-brocanteur ( spécialité : les livres anciens), traverse l'oeuvre de Padura depuis maintenant presque 15 ans. Un flic comme on les aime: une intelligence intuitive, une érudition bluffante, pas vraiment beau mais beaucoup de charisme ; tout ça enfoui sous une mélancolie, un mal-être dont même les femmes ont du mal en l'en sortir. A sa décharge, il faut dire qu'il n'est pas difficile d'être désabusé et fataliste dans le Cuba du 21ème siècle ; et à fortiori pour un ex-flic.Attendant seulement des jours à venir qu'ils chassent les autres, Conde ne doit sa survie qu'au mauvais rhum que lui permettent d'acheter les quelques pesos convertibles que lui rapportent la vente de livres anciens ; au rhum mais aussi à Flaco Carlo, le Conejo, Candito, ses compagnons de toujours .On n'est riche que de ses amis, c'est bien connu. Bref, un personnage très attachant. Et quelle sera sa mission dans cette histoire, me direz-vous ?Rien de moins que de retrouver comment un inestimable Rembrandt, propriété de la famille Kaminski depuis plus de trois cents ans, a pu quitter l'île et se retrouver dans une vente aux enchères à Londres dans les années 2010.Et dans un deuxième temps ( et ça, c'est le sujet de la 3ème partie du roman), il est chargé de retrouver la trace de la jeune Judith (amie, précisément d'une Kaminski là encore), disparue depuis plusieurs jours.
Comme ça, à première vue, on a du mal à relier les deux affaires (si ce n'est la présence des membres de cette famille juive) ; et puis surtout, pourquoi ce titre «  Hérétiques » ? J'ai juste envie de dire, pour ne pas trop déflorer le sujet qu'a voulu traiter Padura ici, qu'il est question de libre arbitre, de liberté des consciences et de tous ceux qui ont eu ou qui ont le courage de se détourner du dogme (et ce, dans n'importe quel domaine, pas seulement celui de la religion). Que ce courage les mène vers la liberté ou vers l'enfer, nous devons à tous ceux-là beaucoup de gratitude. Alors merci à vous M. Padura de nous inviter dans leur humble existence.




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